mardi 25 avril 2017

Corps handicapés et corps mutilés dans la bande dessinée

Corps handicapés, corps mutilés dans la bande dessinée

Appel à communications


Angoulême, 29-30 novembre et 1er décembre 2017

Les rencontres d’Angoulême, co-organisées par l’Université de Poitiers (MSHS, Criham, Forell…), la CIBDI, le Pôle Image Magelis, avec la participation de l’EESI, le CPER Insect, Grand Poitiers, Grand Angoulême, Région Nouvelle Aquitaine, tiendra sa quatrième édition en décembre 2017. Elle portera sur les corps handicapés et les corps mutilés.

En dehors des monstres, des zombies et autres morts-vivants, la BD célèbre pratiquement depuis ses origines les corps athlétiques et sensuels, magnifiés par le talent de dessinateurs venant d’horizons très différents. La musculature du Tarzan de Burne Hogarth s’étale de case en case de 1937 à 1950, la beauté érotisée de Barbarella, crée par Jean-Claude Forest, fait la conquête du lectorat dès 1962. Depuis, toutes sortes de personnages de papier, à la beauté insolente ou au physique impressionnant ont vu le jour. Mais il existe d’autres représentations corporelles moins visibles. Les corps handicapés ou mutilés se retrouvent dans les récits graphiques traitant de la guerre. Les nombreuses planches produites par Tardi figurent assurément parmi les plus hallucinantes, mais les bandes dessinées mettant en scène la guerre civile espagnole, les conflits dans l’ex-Yougoslavie ou encore le génocide au Rwanda ont apporté toutes sortes de contributions à la présence d’un corps malmené, amputé, rendu infirme. La bande dessinée « historique » dont l’action se situe dans l’Antiquité ou au Moyen-âge compte de nombreux corps atrophiés, dont les membres ont été tordus ou coupés. La science fiction a fait un sort aux bas-fonds, aux espaces interlopes, aux lieux marginalisés accueillant des corps handicapés et mutilés. Mais d’autres genres et univers graphiques n’ignorent pas les corps estropiés et défigurés.

Des personnages ne sont pas enfermés dans une vision doloriste, ils ne sont pas des laissés pour compte, bien au contraire. Certains super héros se déplacent en fauteuil roulant, d’autres sont aveugles, à l’instar de Daredevil. Plus récemment, Okko, le samouraï, ou plutôt le ronin car il n’a pas de maître, est manchot. Il n’est pas relégué à la marge des récits, réduit au rôle de figurant entraperçu entre deux chevauchées. Malgré son handicap, il est le personnage principal d’une série remarquée, publiée depuis 2005 et qui compte, à travers cinq cycles, dix albums. Les récits de la veine comique n’ignorent pas les personnages handicapés, mais ne leur accordent pas le même statut. Dans la série des aventures d’Astérix et d’Obélix, Triple patte, l’un des malheureux pirates dont le navire fait régulièrement naufrage, parodie d’un autre personnage de BD, est apparu dans Astérix Gladiateur. Très tôt il a acquis une grande notoriété.

L’univers des corps handicapés et mutilés ne se limite pas à ces albums. Dès que l’on y prête attention, ils s’avèrent fort nombreux. La visée du présent colloque et d’en rendre compte à travers quatre approches.
  • Présence. Dans quels albums, avec quelle place apparaissent les corps handicapés et mutilés. Quelle importance leur est-il donné ? Quels sont les contextes mis en scène ? De quelles manières et dans quelles circonstances les corps ont-ils été « saccagés » ? Des maux pour le dire, de Lax, raconte en 1975 les embuches que rencontre un handicapé pour trouver une place parmi ses proches et dans la société.
  • Émotions. La perception du corps handicapé ou mutilé ne laisse pas indifférents ni les autres personnages, ni les lecteurs. Quelles sont-elles, comment se manifestent-elles ? Erving Goffman avait traité des usages sociaux des handicaps, évoquant le « moi et les autres », les « êtres amoindris » sont-ils pour autant rejetés ? Quelle place leur est-il faite ? Tome et Ralph, avec Berceuse assassine (1997-2002) ont emprunté le point de vue des différents personnages pour saisir les sentiments et les émois des uns et des autres.
  • Univers marginaux. Dans le cœur désaffecté des villes, dans les banlieues abandonnées, dans les campagnes désertifiées, dans les mondes lointains ou éloignées dans le temps, les corps mutilés et handicapés prennent, semble-t-il, une place plus importante. Il conviendrait de le vérifier. Une série lancée en 1983, Alef-Thau, due à Arno et Jodorowsky, en donne un premier aperçu.
  • Mondes quotidiens. Dans la vie banale, les corps handicapés et mutilés sont-ils stigmatisés ? Quelle visibilité leur est accordée ? Quelles relations entretiennent-ils avec les « autres ». Fabien Toulmé a ainsi livré en 2014 un récit sur l’arrivée d’un enfant trisomique dont l’apparence et les expressions corporelles ne correspondaient pas aux attentes initiales. La bande dessinée peut ainsi restituer l’intimité des familles et la place du handicap dans la société.

Responsables scientifiques
Frédéric Chauvaud (frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr) et Denis Mellier (denis.mellier@univ-poitiers.fr)

Contact : catherine.male@univ-poitiers.fr et geneviève.robert@univ-poitiers.fr
Modalités pratiques d'envoi des propositions
Les propositions de communication (12 à 15 lignes) ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique sont à adresser à Frédéric Chauvaud, Denis Mellier et Catherine Mâle
avant le 20 mai.

Les organisateurs prennent en charge l’accueil, l’hébergement, les repas et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.
Comité scientifique
Hugo Frey, professeur à l’Université de Chichester
Bertrand Gervais, professeur à l’Université du Québec à Montréal
Philippe Marion, professeur à l’Université de Louvain
Michel Porret, professeur à l’Université de Genève
Henri Garric, professeur de littérature comparée à l’Université de Bourgogne
Jacques Dürrenmatt, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne
Thierry Smolderen, professeur à l’EESI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire